Besancon-Mulhouse-Zurich-Yokohama!
Levi Strauss a raison, on ne voyagera peut être jamais plus.
Cet homme d'affaire va-t-il quelque part ? Où se trouve-t-il ?
Dans son pays de débordés sans doute, dans cette contrée d'hommes à chemise à manches courtes et à stylos dans la poche. Désigné mieux que son bagage avec sa pauvre étiquette, il est d'ici, de cette contrée là, où l'on se cravatte en vitesse lorsque le "boss " arrive.
Qu'on songe un instant aux voyages d'antan aux croisières insensées qui vous amenaient au Japon en trois mois. Les tenues de soirée et de détente, les rencontres sur les ponts et le temps de se connaître, d'échanger sur le pays qu'on allait rejoindre... Les tropiques sont tristes dès l'évocation de ces moments là.
Les trains aussi avec leurs compartiments où l'on saucissonnait des heures entières avec des gens qu'on ne reverrait pas mais qui étaient d'authentiques compagnons de route.
Ici tu fixes des images de gens tout seuls et pour tout dire déjà arrivés ( c'est d'ailleurs le mot qu'ils emploient pour dire qu'on a réussi dans la vie: il est "arrivé"...), le telephone portable en main. Il ne va pas au Japon mais à un rendez vous et comme cela se passera certainement dans un de ces hôtels de chaines américaines il ne sortira pas de son monde le bien nommé d'ailleurs, le monde des affaires.
Sans doute aurait-il connu plus d'aventures à tenter un jour un déjeuner de travail dans une auberge de campagne à Mouchard plutôt qu'à "caler" (encore un mot frappé d'immobilisme!) des rencontres à contrat dans des "lounges" clonés tout au bout du monde.
Toi, tu pars, tu voyages je veux dire vraiment.
Ton carnet à la main et ce crayon qui décidémment est un démenti de la toute puissance du portable...
Mais pour combien de temps ?
L'écrivain que je suis est rassuré certes de cette survivance mais combien chronique ou croque encore dans ces avions? Avions dont le but ultime serait la teleportation: être au plus vite là où on veut être.
Mais que faire alors de nous qui voulons surtout voyager ?