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quatre vingt dix jours
8 juillet 2010

Des maisons et des rues, des visages aussi,

Des maisons et des rues, des visages aussi, surtout des visages.

Je trouve leur multiplication un rien palimpseste, comme si de tous tu cherchais à n' en figurer qu' un seul .Lequel de ces visages du Japon cherches tu ami ? De ces regards perdus, de ces profils, ou de ces trois quarts qui ne te voient pas... Lequel te fait souffrir en ne te fixant pas ? Qui  te peine en ne croisant pas franchement tes yeux ? Là est peut être la question du peintre aux portraits innombrables: et s'il était, lui, transparent ?

Et si tu nous donnais à voir parce que toi tu n'es pas vraiment vu.Ce serait une terrible explication de l'absence de pudeur qui fait que l'on n'est pas nu devant l'oeil du peintre comme devant celui de son voisin , pas plus que dans les "grandes maisons" on se souciait de s'habiller devant le domestique,il ne comptait pas comme témoin véritable, il existait à peine.

Les Japonais ne sont pas "regardant" je sais, tu me l'as déjà dit, mais il y a dans tous ces visages comme devant toutes ces maisons aux portes closes et aux façades bien sages quelque chose comme de l'indifférence.Je sais aussi et cela m'abuse peut être, que l' antique voyageur qui découvrait Cipango était souvent outré de son invisibilité, d'être traité en étranger radical qu'on aperçoit à peine et qui , même bilingue, reste tout juste humain puisque non japonais.

C'est sans doute faux aujourd'hui, du moins à ce point là, l'ère Meiji a fait son oeuvre, mais tes dessins évoquent tout de même bel et bien pour moi cette attente déçue de celui qui voit et qui attend, au moins parfois, d'être contemplé à son tour.Mais non , absorbés au téléphone, ou au supermarché, ou le plus souvent perdus dans leurs pensées, ils semblent un rien décalés par rapport à toi,l'artiste.Toi qui pourtant les regarde comme sans doute jamais personne ne les a regardés.

Toi qui les voit si bien qui les mets à jour et parfois à nu  pour nous, qui cherche le détail qui fait mouche, le geste ou la posture qui dit tout,bref le scrutateur en somme,  toi qui les dessine et puis  eux, qui, dans tes traits, semblent avoir tant de mal à te fixer comme si tu n'étais qu'une ombre.Ont ils tous intégrés ton être de passage?

Alors il te reste les rues, les lieux publics puisque l'intime finalement se dérobe.Les maisons de l'extérieur qui ne seront jamais pour toi de vraies "demeures"...

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