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quatre vingt dix jours
5 juillet 2010

En fait je n'ai rien envie d'écrire, ou plutôt

En fait je n'ai rien envie d'écrire, ou plutôt si, une chose terrible et somme toute désagréable aux oreilles voyageuses.Ces derniers dessins m'exaspèrent par leur permanence.

Oui, rien en fait de bien différent d'un bout à l'autre de la planète pour nous  les voyeageant si ce n'est cette insupportable permanence peut être encore plus forte aujourd'hui.

Mêmes attentes du bus ou de la pluie, mêmes attitudes au téléphone, mêmes luttes dérisoires de nos pauvres bâtis devant la nature que nous cherchons vainement à domestiquer en jardinets ridicules.Petites maisons, petites résidences, petites gens. Je ne donne pas cher de leurs jardins zen lors du prochain tsunami pas plus que les haies d'hortensia de mémé n'ont résisté aux assauts de la tempête Atlantique...Balayés les petits chichis humains, emportés les nains et les bassins, à mort les petits passages ombrés de Louisiane en Australie, qu'ils crèvent de marée noire ou dans un feu d'enfer ! Dérisoire serait ainsi le maitre mot de l'universel.Pauvres de nous.

En cela la coupe du monde me semble parfaite; ça y est, eux aussi les petits fanions colorés et les beuveries quand "ils" gagnent, puisque nous aussi maintenant les sushis alors eux déjà les hamburgers.

Il est beau notre sens commun ! Des visages fermés qui s'ennuient d'être, les trop nombreux temps morts de nos vies japonaises ou franc-comtoises, nos langueurs si pareillement douloureuses dans nos villes aux différences anecdotiques.Un jour, on ne saura plus rien en descendant de l'avion, si ce n'est un tube de cancoillotte ici, un idéogramme publicitaire là bas...Rien d'autre ne nous renseignera plus où l'on arrive ni d'où l'on est parti.

Tes dessins évoquent pour moi cette terrible impression du même, de la fin du voyage proprement dit.Juste un tantinet de couleur locale à chercher sur les papiers d'emballage, nous voilà aujourd'hui condamnés à un dépaysement impossible,pauvres créatures soumises à un exotisme de papiers gras.

Et puis, au hasard d'un de tes dessins, une légende troue notre ennui de "nous y retrouver" si bien hélas. Un simple nom de commune , une vague indication géographique et tout revient d'un coup: l'irréductible identité des peuples, la force de la langue et de la culture des tribus du début du monde: Nagasaki !

"Na-ga-sa-ki" ! Nom de cité qui sonne comme un coup de tonnerre, c'est peut être la pluie qu ils attendent mais nous ici c'est encore la bombe qu on imagine et là soudain la géographie aujourd'hui si mondialisée se fissure. Sous ce simple nom c'est l'histoire qui avance comme dans la fin triomphale des opéras dans la pompe de l'irrémédiable résolution.

"Nagasaki" et le Japon revient plus fort que dans ces visages si proches des nôtres finalement ou dans ces ces plateaux repas si petitement différents, mais ça, ce nom, ce passé douloureux, cet empereur douteux, ce sentiment d'avoir été battu puni parce que du mauvais côté, un peu trop peut etre , rasés, irradiés, imprimés sur des murs à des kilomètres de distance...Alors, oui, ils attendaient la pluie à Nagasaki comme certainement à la belle saison on cueille encore des fraises sauvages dans les bois d'Auschwitz.Mais ce n'est plus de lieux qu'on parle.

La couleur du teint, la retenue du ton, le port de l'habit traditionnel, la nourriture toute crue, tout ça disparaîtra mais l'histoire s'oublie peu. Difficile à Verdun de faire comme si et je sais qu'à Dallas la mort d'un jeune président écrase encore la ville de honte comme si elle en portait encore la faute, alors; la première tentative réussie d'éradication soudaine de toute une métropole ...

Voilà mon ami ce que j'avais à te dire , tu comprendras que pour pareilles prises de paroles il me fallait prendre un peu de temps, jamais la langue française n'aura été aussi juste dans sa polysémie les écrits sous les dessins souvent on appelle ça des "légendes" non ?

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